Cette année, grâce à l’artiste Patrick Moya, la messe sera retransmise en première mondiale dans Second life monde virtuel et réseau social. L’avatar de l’aumônier des artistes et organisateur de l’événement, le frère Yves-Marie Lequin dira la messe dans l’église Saint pierre d’Arène reconstituée en 3D !
Au cours de cette manifestation, unique en France par son ampleur,
on pourra entendre la cantatrice Elisabeth Vidal, artiste internationale qu’il n’est pas besoin de présenter, L’acteur de cinéma et comédien Marc Duret, le comédien Christophe Turgie (qui a joué à la Comédie française), tous deux ayant travaillé avec le Théâtre National de Nice, La chanteuse et metteur en scène Isabelle Servol, La jeune troupe de danseurs : la Compagnie Laura Hurt, Le marionnettiste Loïc Bettini...
Il y aura des musiciens dont le chœur polyphonique de Nice, dirigé par le haute-contre Matthieu Peyrègne, le flutiste Damien Idriss l’organiste Stéphane Eliot jouant des musiques de films (Le seigneur des Anneaux, Mission, ...), et même un joueur de didgeridoo !
Il y aura une performance de Jean Mas de l’école de Nice,
et des projections en 3D de Patrick Moya.
et la participation de plus de 70 plasticiens, pour la plupart professionnels (peintres, photographes, sculpteurs, installations)
qui occupent tout l’espace de l’église.
On fera mémoire, au cours de cette messe (traditionnelle depuis 1926), des artistes défunts de l’année, et bien sûr d’Hervé Gourdel (photographe) et des dessinateurs de Charlie Hebdo.
La messe des artistes a ceci de particulier : elle a été inventée en 1914 par un caricaturiste : Adolphe Willette. Beaucoup de ses dessins ont une audace et même une outrance qui n’est pas sans rappeler celle des dessinateurs de Charlie Hebdo qui viennent de disparaître tragiquement.
Willette était un violent polémiste bien connu des lecteurs du journal L’assiette au beurre (1901-1936).
Cet hebdomadaire socialiste et anarchiste n’avait comme aucune revue d’alors exprimé une telle symbiose entre la violence du message et la violence graphique (Michel Dixmier, spécialiste du monde de la caricature). Tout le monde en prend pour son grade : les politiciens, les croyants, les prêtres, les artistes. Il n’hésite pas à aborder des sujets délicats à l’époque, comme la peine de mort, la prostitution, les asiles d’aliénés…
Willette cultivait l’art de l’irrévérence jusque dans les carnavals qu’il organisait à Montmartre sous le titre de La promenade de la vache enragée, d’où son nom de vachalcade). Depuis 2010, le carnaval de Willette connaît une renaissance, avec comme parrains Christophe Salengro (le président de Groland) et Michou.
C’est dans ce contexte qu’est née la fameuse « messe des artistes ». C’est le voeu même de Willette : Je voudrais une messe pour ceux qui vont mourir, c’est-à-dire pour nous les vivants, je voudrais que nous allions dans une église, que nous y allions le mercredi des Cendres. Cet office religieux qui prend à contre-pied la mémoire habituelle des défunts, est depuis célébré en respectant son caractère de canular pieux. L’église y a même apposé son sceau : il a reçu la bénédiction de saint Jean XXIII !
Pour cette raison, il sera bien sûr fait mention de Charb, Tignous, Wolinski, Honoré et Cabu, à la messe des artistes à Nice, sans oublier ceux qui ont péri tragiquement avec eux.
On n’oubliera pas également, comme on le fait à chaque fois, tous les autres artistes de notre région disparus depuis la dernière messe. Ce ne sera pas une messe Charlie hebdo, mais elle sera respectueuse de l’esprit du caricaturiste engagé qu’était Willette et que Flaubert résume assez bien : L’art ne réclame ni complaisance ni politesse, rien que la foi, la foi toujours et la liberté !
Exposition : « Sur la terre comme au ciel »
du 19 février au 5 mars
Le mercredi des cendres, le 18 février à 18h00, l’église Saint Pierre d’Arène accueillera la fameuse « messe des artistes selon le voeu de Willette ».
Ensuite, jusqu’au 5 mars, les oeuvres d’art de la messe seront exposées, à la fois dans l’église, et dans la nouvelle galerie, sous la même église, celle du Forum Jorge François. Les artistes ont travaillé sur un passage du Notre Père : « …sur la terre comme au ciel ». Ils se sont saisis de ces mots pour interroger les relations du sacré et du profane, tout cet « humain trop humain » qui se cherche un ciel en dehors du glaiseux de l’existence, et peut-être a-t-il raison… peut-être le mystique n’est-il pas si fou, peut-être que le monde créé par l’artiste n’a pas que la consistance des rêves… Ce sera donc le 18 février, jour anniversaire de la mort de Michel-Ange, et jour de fête du bienheureux Fra Angelico, patron de tous les artistes. Deux génies à qui convient tout à fait le thème de cette année.