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Makiko fait la pluie et le beau temps à Chagall

Pendant un an, le musée Chagall de Nice fêtera son cinquantième anniversaire « en joie et en couleurs » avec douze personnalités invitées à dialoguer avec l’ambassadeur du message biblique, des artistes, écrivains, musiciens et danseurs.

Le point culminant des festivités est fixé au week-end des 7 et 8 juillet qui correspond à la date réelle de l’anniversaire de l’ouverture du musée.

Le souhait de Chagall que cet endroit « reste ouvert aux arts et aux pratiques culturelles » est parfaitement respecté. « Je voudrais aussi qu’en ce lieu on expose des œuvres d’art et des documents de haute spiritualité de tous les peuples ».

Une aquarelle sur trois murs

La présence à Nice de Makiko Furuichi répond à cette espérance. La jeune femme est comme une fusée catapultée depuis son Japon natal. Depuis son passage à l’école des Beaux-Arts de Nantes, elle brille dans le paysage des arts visuels français et dans le milieu de l’édition. « C’est une artiste
géniale
 » assure Benoît Pascaud, qui fut l’un de ses professeurs.
Au musée, nous avons trouvé Makiko juchée en haut de son escabeau, des pinceaux de calligraphe en crin de cheval à la main. Un instrument qu’elle manie avec dextérité pour avoir exercé cet art pendant dix ans. En moins d’une semaine, elle est venue à bout d’une immense aquarelle déployée sur trois murs. Une œuvre conçue sur place, comme un écho chatoyant et transparent de la mosaïque de Chagall qui lui fait face de l’autre côté de la baie vitrée. « Chagall me donne envie de peindre ! Ainsi que la lumière du midi, car où j’habite dans mon pays, il pleut tout le temps ».

Religion, mysticisme

Touchée par ce dieu des miracles dont l’esprit habite le musée, ses pouvoirs artistiques magiques, son humanisme et par la solidarité exercée entre mysticisme et religion, elle a accepté le challenge d’intervenir dans ce musée niçois. Ce qui finalement ne semble pas si difficile pour une artiste habituée à peindre spontanément sur tous supports, dans des projets de grande envergure.
À Chagall, elle a réalisé une représentation surnaturelle de la vie du Prophète Elie. Un paradigme peuplé de visages grimaçants et espiègles, tragi-comiques, d’esprits grotesques. Quelque chose à la fois de moche et de drôle, éléments de la nature d’où émergent des animaux, des esprits et des forces créatrices de l’univers. Bref le syncrétisme shinto-bouddhiste imprégnant tout
Japonais. On n’en saura pas davantage sur la religion de la communauté religieuse au sein de laquelle Makiko a grandi. C’est « une chose très intime ». Sa grand-mère a créé un temple parmi les milliers qui constellent le pays du soleil levant, un asile pour femmes fragiles. Makiko n’a pas voulu rester au
Japon. Elle s’y ennuyait ferme. « Je me sentais coincée  » par la pression sociale qui s’y exerce. Elle préfère la vie à la française.

Elle a adopté la France

C’est grâce à son professeur de vidéo, Christiane Carlut, rencontrée lors de ses études à l’école de Kanazawa, sa ville natale, qu’elle intègrera les beaux Arts de Nantes. Son diplôme en poche, elle multiplie les projets et se déplace partout en France, parle très bien notre langue devenue la sienne, et maîtrise aussi des notions de géographie de notre pays que lui envieraient bon nombre de méridionaux !
Actuellement, résidente à la cité des Arts à Paris, elle est invitée ensuite au Centre d’art des Pays de la Loire. Puis elle disposera d’un an pour peindre les murs d’une chapelle à Toulon. Infatigable !

Photo de Une DR A.C

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