Kristof Everart chez Eva Vautier
Kristof Everart a beaucoup voyagé. Il a dû suivre son père officier militaire dans ses très nombreux postes, des déplacements qui éclairent probablement les thématiques de flux, de directions, de circulations qui sont au cœur de son travail.
L’enracinement étant impossible, l’artiste va créer sa propre géographie du mouvement ou en mouvement. Il a balisé les sols et les murs de la galerie Eva Vautier de traits indiquant des axes de circulation, des croisements, des perspectives se prolongeant à l’infini. Il explore des métaphores qui lui permettent de dialoguer avec les flux qui traversent le monde. il nous propose de voir plus loin, de prolonger notre pensée au delà de l’ici et du maintenant.
Cette exposition est dédiée à Kepler 186 F, une exoplanète découverte très récemment.
Comme la Terre, les exoplanètes, ces satellites de soleils dont la masse est comparable à celle de la terre, peuvent contenir de l’eau liquide, une atmosphère et potentiellement, une vie biologique. On est sûr maintenant qu’autour des milliards d’étoiles (de soleils) qui peuplent le ciel, il existe sûrement un grand nombre de planètes ayant eu un développement semblable au notre (on en a déjà dénombré 2000 environ). Le seul problème, c’est qu’elles se trouvent à des milliards de kilomètres de nous et que la vitesse de la lumière est une limite indépassable (dixit Einstein).
Ces problématiques de flux se retrouvent dans une autre approche, encore plus fine, de l’artiste : il dessine des arbres dont les branches sont reliées et prolongés de traits orthonormés qui font naître d’étonnantes architectures imaginaires.
Par cette articulation du biologique et du géométrique, Kristof explore la limite extrême entre nature et culture. Il nous montre comment l’homme, grâce à sa capacité d’abstraction, a pu mettre en équations la nature. Pour la déconstruire, il l’a simplifiée en droites, en courbes, en angles, pour mieux la comprendre et la maîtriser.
La galerie dont l’agencement et les circulations ont été modifiées, présente plusieurs installations où se confrontent éléments naturels (arbres), signes, sculptures et tableaux.
Pour donner plus de présence à ses œuvres et installer une démarcation, Kristof, en fin coloriste, a repeint la galerie d’un blanc particulièrement lumineux.
Ses tableaux aux tons clairs présentent une palette particulièrement simplifiée : jaune beurre frais, gris acier (celui des météorites) et blanc. ses peintures sur bois montrent différentes épaisseurs de matières qu’il creuse, gratte, frotte, dé-peint, recouvre à nouveau. Un travail hors figure, sans volonté d’abstraction : "je n’ai pas d’idée préconçue, j’attends que quelque chose se passe, qu’une forme s’impose (nuages, montagne, homme conduisant un vaisseau, oiseau, œuf, etc.) et arrête mon geste".
C’est peut-être le moment où l’esthétique et se sens se rejoignent
A voir aussi ses petites sculptures minimales, mi arbres, mi autres matières, résultats d’un travail de "cueillette" qui accompagne toute œuvre d’art.
L’exposition est classieuse, presque zen, tout en nous offrant des visions surprenantes.