Berlinde de Bruyckère
Du 1er avril au 5 novembre 2023
Ce qui frappe d’abord dans les œuvres de Berlinde, c’est sa matière-peau translucide sous laquelle des veinules bleutées se devinent, mais la couleur grisé, froide, fait irrémédiablement penser à celle d’un corps où la vie vient de s’absenter.
Les troncs d’arbres présentés dans une vieille et grande armoire de bois sont faits de cette matière. Elle les a choisis pour nous accueillir dans cette exposition de la Commanderie dont le lieu et le nom ont dû l’inspirer, elle dont toute l’œuvre renvoie souvent à des représentations médiévales où la mort, très présente, n’est pas encore taboue.
Cette matière qu’elle sculpte et habille de peaux (de vache souvent, pour le noir et blanc et le grisé lègérement teinté, est à l’origine d’œuvres saisissantes, dérangeantes et fascinantes à la fois.
Ses « personnages » pesants au ventre proéminent recouverts de manteaux lourds en tissus sont impressionnants. Des corps indéterminés (animal ou humain ?) dont la présence procure un sentiment de gêne.
Dans cette salle, on est attiré par le personnage central, posé sur un support rectangle de vieilles feuilles de métal, un cercueil improbable sur lequel l’artiste a exposé un de ses archanges déchus dont seuls les pieds admirablement et précisément sculptés, sont visibles. Tombé du ciel, cet archange aux ailes encore redressées, est représenté sur son sarcophage à l’image d’un gisant. Il a perdu sa superbe verticalité et repose pathétiquement.
On retrouve ses pieds parfaitement sculptés (des genoux aux orteils) cette fois-ci debout et posés sur une pièce sphérique de vieux bois et mis sous une cloche de verre (comme les pendules d’antan). Ils sont vaguement recouverts d’un tissu (le bas d’un suaire probablement).
Trois « dessins » présentés dans un cadre sous verre sont des collages de vieux papiers trouvés (elle n’utilise que des vieux objets ou des matières récupérées) cousus sur des supports de papier qu’elle a peints à l’encre de Chine. Des dessins représentant des troncs d’arbres, des feuilles, des végétaux comme tachés d’or,
Sur le support ont été également collés des bouts de feuilles jaunies et pendantes recouvrant partiellement le dessin.
On y retrouve son univers d’œuvres sensibles évoquant une histoire de la souffrance, de la déchéance, un statut de l’être humain confronté aux figures du passé et à sa propre mort. Ce n’est pas pourtant pas triste, juste mélancolique et désenchanté.
Nedko Solakov
Du 1er avril au 5 novembre 2023
Nedko Solakov est un artiste bulgare dont les minuscules dessins ainsi que ses phrases poétiques et humoristiques sont soigneusement disséminés à l’intérieur du Centre d’Art.
Il crée en quelque sorte un jeu de piste où on est convié à chercher ses œuvres (qu’il appelle doodles) dans les recoins des murs. Des petits personnages de quelques millimètres semblent gambader entre les œuvres (ou leurs ombres portées), nous obligeant à une deuxième lecture de l’ensemble. Il apprécie particulièrement les fines fissures des murs qui permettent à ses personnages de s’y accrocher ou de marcher dessus. Leur découverte provoque de petits sourires liés au plaisir de la découverte et à la vue où à la lecture de l’œuvre. On est du côté d’un art minimal original.