Des collectionneurs qui trouvent plus valorisant d’acheter de l’art à Paris ou Berlin, des galeristes qui s’expatrient, des artistes qui manquent d’ateliers… Il n’est pas facile de vendre de l’art ou de vivre de ses créations à Nice. Pourtant, entre la ville et l’art, c’est une longue et belle histoire d’amour. Parfois semée d’embûches, mais qui se poursuit aujourd’hui, plus que jamais. « Nous souhaitons que BOTOX[S] serve à éveiller les consciences sur les problématiques de l’art à Nice pour faire perdurer cette belle histoire, indique Florence Forterre, la présidente de BOTOX[S]. Si nous ne faisons rien, les lieux dédiés à la création contemporaine fermeront. »
Un constat amer qui a donné à quelques-uns de ces lieux la volonté de donner naissance, en 2007, à un réseau déterminé à représenter de façon objective et professionnelle le monde de l’art contemporain. Une union scellée par une première participation commune au Printemps des Poètes, en mars 2007, en organisant des conférences, lectures, performances sonores et expositions. BOTOX[S] est unique en son genre, puisqu’il réunit à la fois des associations, un centre d’art, des musées nationaux et des galeries privées. « Chacun des membres a des objectifs différents, souligne Florence Forterre. Il a donc fallu trouver des points d’entente pour les mettre tous en avant. » La philosophie est commune « imaginer ensemble ce que nous pouvons apporter à Nice et aux artistes ». Chaque lieu demeure indépendant, garde son identité et sa programmation. Les intérêts de chacun se retrouvent dans une communication conjointe et l’organisation d’événements, en veillant toujours à ne pas créer de concurrence entre les vernissages et à proposer une offre complémentaire. Autre ciment du réseau : les membres se doivent de respecter une charte par laquelle ils expriment leur engagement personnel et sincère auprès du groupement. « Afin de mener à bien les objectifs de BOTOX[S], il est nécessaire que les différents lieux adoptent une politique de diffusion, d’édition, d’ouverture aux publics et de soutien aux artistes, avec production si possible. » Ce dernier point fait d’ailleurs partie des développements prévus dès cet automne. Il est bien connu que les arts plastiques sont les parents pauvres des pouvoirs publics… Alors BOTOX[S] compte bien mettre tout en œuvre pour trouver les moyens de financer et promouvoir les artistes.
De la nécessaire professionnalisation des métiers de l’art
L’association se réunit tous les mois pour faire le point sur ses actions et ses projets et, une fois sur deux, elle invite une personnalité du monde politique ou économique afin de discuter de la meilleure façon de travailler ensemble. « L’art fait partie intégrante de l’activité économique de la Côte d’Azur, estime Florence Forterre. Sa professionnalisation est nécessaire car il s’agit d’un métier très nouveau, pas forcément bien structuré. Mais, ici comme ailleurs, il existe un certain tabou français qui crée une rupture entre l’art et le reste du monde. Il n’y a donc pas de réponse au niveau national. » Et de prendre le contre-exemple de l’Allemagne, de l’Angleterre ou de l’Italie, où il existe une vraie conscience politique du rôle de l’art et où les entreprises s’impliquent dans le financement d’artistes et d’événements. « Ouvrir au public les structures artistiques, muséales ou autres, c’est très bien, poursuit la présidente de BOTOX[S]. Mais cela ne suffit pas si l’on ne donne pas à la création les moyens de travailler. »
Des actions d’envergure et ouvertes
Mais preuve qu’une prise de conscience collective est peut-être en train de s’opérer : l’association a reçu, pour la première fois cette année, des aides du Conseil Régional et de la Ville de Nice. « Nous allons pouvoir nous engager sur un projet ambitieux et réaliste, comme une publication pour rendre compte des choses, se félicite Florence Forterre, qui s’occupe aussi de Del’art, newsletter trimestrielle recensant les expositions de 40 lieux de la Côte. L’édition d’un catalogue de BOTOX[S] d’une année d’art sur la Côte d’Azur n’est pas à exclure. »
Le fil conducteur des actions de BOTOX[S] est de faire sortir l’art des structures du réseau afin de le rendre plus visible encore. Le réseau s’est fortement impliqué dans des manifestations comme Indisciplines, festival d’art contemporain hors les murs initié par le Dojo, dont la 3è édition s’est déroulée du 15 mai au 15 juin dernier dans toute la ville. Les Visiteurs du soir ont également rencontré un vif succès : une trentaine de lieux, appartements privés, ateliers, restaurants, ont ouvert leurs portes au public pour un parcours de nuit à la découverte d’artistes et de leurs créations. Des opérations qui devraient être reconduites en 2010, preuve que l’action de BOTOX[S] n’est pas près de se figer…
Informations pratiques :
Douze membres, des lieux
L’atelier Soardi
Le Dojo / Del’art
Espace à vendre
La Maison / Galerie singulière
Les musées nationaux des Alpes-Maritimes
La Sous-station
Galerie Sandrine Mons
Galeries municipales (galerie a. et galerie de la Marine)
Galerie Norbert Pastor
La Station
La Villa Arson
La Villa Cameline / Maison abandonnée