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ARDOISE LITTERAIRE : Quand la Chine s’éveillera... le monde tremblera - Par Jean-Jacques Ninon pour Art Côte d’Azur

Alain Peyrefitte (1925, Najac-1999, Paris) naît dans l’ambigüité. Ses parents enseignants le dotent du prénom de Roger-Antoine, qu’il changera par la suite pour ne pas être confondu avec son sulfureux homonyme, Roger Peyrefitte.

Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera
Alain Peyrefitte, 1973

Autre ambivalence. La France libérée, il intègre deux écoles, Normale supérieure et l’ENA, dont c’est la première promotion. Après un bref passage au CNRS, il entame « La Carrière » (entendre : au Quai d’Orsay). Comme tous les diplomates, il a assez de loisirs pour écrire. En 1949, paraît son premier essai, Le Mythe de Pénélope, primé par l’Académie Française.

Ayant vraisemblablement des problèmes d’identification, c’est sous un pseudonyme, celui de Claude Orcival – que paraît, en 1953, son premier roman, intitulé Ton pays sera mon pays. La politique le taraudant, il est élu, en novembre 1958, après le retour du Général aux affaires, député de Seine-et-Marne sous l’étiquette Union pour la Nouvelle République (UNR). Un mandat qu’il occupera sans discontinuer jusqu’en 1995, si l’on excepte une brève éclipse de quelques mois, en 1981.

Son profil d’énarque l’appelle, en 1962, dans le gouvernement Pompidou, comme Secrétaire d’Etat à l’Information. Il n’a que 37 ans. Deux mois seulement lui seront nécessaires pour devenir ministre. Des Rapatriés, puis, de nouveau, de l’Information ; poste qui lui vaudra le surnom de « ministre de la censure ». Les maroquins se succèdent : Recherche – il préside au programme de la bombe H –, Education nationale où Mai 68 le surprend et le fait trébucher.

1973 est une année faste. D’abord, il retrouve, sous la présidence de Georges Pompidou, un portefeuille ministériel, celui des Réformes administratives et du Plan. Ensuite, il publie une analyse rapportée d’une mission parlementaire dans la république populaire maoïste, qui sera un best-seller, Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera. Une phrase empruntée à Napoléon Ier qui l’aurait prononcée, en 1816, à Sainte-Hélène, en guise de commentaire d’un récit de voyage accompli par un ambassadeur britannique dans l’Empire du Milieu.

Bien que rien ne prédispose un esprit aussi rationnel que celui de Peyrefitte à devenir devin, il discerne la transformation d’un pays, alors considéré comme sous-développé, en puissance planétaire. Mutation qui remettra en cause l’omnipotence occidentale. De sorte que, bien plus tard, en juillet 2000, Wu Jian Min, ambassadeur de Chine en France (1997-2004) baptisera Peyrefitte – vérification faite de sa prédiction – : l’« homme qui avait prévu que le XXIe siècle serait le siècle de la Chine ». Epitaphe aussi de l’omnipotence de notre civilisation. D’ailleurs, Céline, un autre visionnaire ¬– mais celui-là, antisémite – avait proclamé, dès la fin des années 50’, que le rôle des exterminateurs de l’homme blanc était dorénavant repris par les Chinois.

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J-J Ninon expose en permanence à la Galerie Ferrero à Nice

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