Festival Avignon Off, une bulle de gaieté dans l’été
Autour du festival créé en 1947 par Jean Vilar s’est développé un espace plus spontané, installé dès 1966 à l’initiative d’André Benedetto. Tirant sa première vigueur de l’esprit de 1968, le OFF a constamment poursuivi son expansion jusqu’à réunir aujourd’hui plus d’un millier de compagnies jouant dans plus de 100 lieux, permanents, semi-permanents ou éphémères.
En 2013, 1 066 compagnies aux histoires et aux expériences très diverses, venant de toutes les disciplines artistiques, y présentent 1 258 spectacles et 48 événements tous genres confondus dans 125 lieux.
Difficile, donc, de choisir parmi cette profusion de spectacles ! Voici tout de même 3 spectacles qui ont retenu mon attention.
Inconnu à cette adresse
Ce spectacle ne sera bientôt plus inconnu du spectateur venu de la Côte d’Azur. En effet, après un passage remarqué au Théâtre Antoine à Paris en 2012-2013, le spectacle est programmé au nouveau théâtre d’Antibes Anthéa le 10 janvier 2014.
Patrick Timsit et Thierry Lhermitte y lisent le livre de l’écrivaine américaine Kathrine Kressmann Taylor, écrit sous le nom de plume Kressmann Taylor, publié pour la première fois dans sa version intégrale dans Story Magazine en 1938 aux États-Unis, soit un an avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
“Inconnu à cette adresse” raconte avec un suspens captivant l’histoire de Max Eisenstein et de Martin Schulse : deux amis d’enfance que rien ne sépare et que tout unit, au point qu’ils se lanceront ensemble dans les affaires en fondant une galerie d’art à San Francisco. Mais nous sommes en 1932 et Martin doit rentrer en Allemagne. Là-bas, le nazisme monte. Les deux amis s’écrivent dès lors des missives comme on s’envoit des balles de ping pong puis de révolver. Denses, généreuses puis machiavéliques, ces lettres visionnaires sont le testament poignant de deux êtres humains pris dans la machine infernale d’un drame universel.
Rares sont les pièces du Off où l’on croise des comédiens extrêmement connus du grand public. L’interprétation des acteurs références du cinéma français est impeccable, toute en retenue, pour mettre en valeur le plus possible ce texte très fort. Avec ces lectures, le spectateur a l’impression d’être le témoin direct de l’histoire.
Victor Hugo, mon amour
Certes, cette pièce n’en est pas à son premier essai (déjà 700 représentations), et a déjà été jouée en Avignon. Mais tout de même, quelle émotion pour ceux qui la découvrent aujourd’hui !
C’est l’histoire d’amour de Juliette Drouet et de Victor Hugo qui est au cœur de ce spectacle. Ils se sont aimés pendant 50 ans, au cours desquels ils échangèrent 23.650 lettres et quelques secousses… Ils se rencontrent en 1833 : elle est actrice, il sera bientôt le chef de file des Romantiques ; elle joue un petit rôle dans « Lucrèce Borgia », elle ignore encore qu’elle va jouer un grand rôle dans la vie du poète. Pourtant la muse, l’inspiratrice, celle qui le révèlera à la sensualité, copiera la plus grande partie de son œuvre, lui sauvera la vie, ainsi que ses manuscrits, le suivra en exil et l’encouragera dans sa cause humaniste.
Le spectacle est émouvant, plein de poésies, et attendrira même les non adeptes du romantisme, par les textes issus de l’œuvre de Victor Hugo.
Anthéa Sogno, l’actrice qui joue Juliette Drouet, a créé un théâtre à Monaco en 2012 : le théâtre des Muses. C’est aussi une école de théâtre. Il sera donc aisé pour les spectateurs avisés que nous sommes de la retrouver à Monaco pour de nouveaux moments d’émotion ! « Aimer c’est plus que vivre » (extrait de la pièce « Victor Hugo, mon amour »)…
La Lettre
Enfin, un tout autre genre avec un « non speaking comedy », bourré d’humour, joué par Paolo Nani. « La Lettre » est le spectacle danois le plus joué autour du monde. Créé en 1992 avec Nullo Facchini, le spectacle n’a de cesse de tourner dans la plupart des pays européens, mais aussi au Chili, Islande, Groenland, Croatie et Turquie.
Pas un mot et pourtant la salle est hilare. Il faut dire que l’acteur a un visage tellement expressif et grimaçant qu’il est impossible de rester stoïque. Comment rejouer la même histoire 15 fois en restant créatif ? C’est le défi que s’est lancé Paolo Nani. Particulièrement réussi et inventif !
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