AVIGNON : Miquel Barcelò, Terra-Mare

C’est au festival d’Avignon, en juillet 2006, que Miquel Barcelò avait créé Paso Doble, une performance jubilatoire, avec le danseur et chorégraphe Josef Nadj. Les deux artistes y réalisaient une sorte de tableau vivant où ils travaillaient la terre sur scène, se débattant avec un mur et un sol d’argile.

Pour les dix ans de la création de la Collection Lambert, la ville d’Avignon a voulu organiser une grande exposition consacrée à l’oeuvre de Miquel Barcelò.

La Collection Lambert présente Mare Nostrum, un ensemble d’oeuvres des années 2000 : des peintures, des grandes oeuvres sur papiers et quelques sculptures. Peintures de cartes et de paysages lointains, bestiaires fabuleux, natures mortes aux fruits exotiques et symboliques (grenades, courges), visages d’Africains, étranges coquillages sur le rivage, mers poissonneuses lavées par des ciels orageux...

Le Palais des Papes expose Terra Nostra : des bronzes en extérieur, dont le fameux éléphant posé en équilibre sur sa trompe, et des céramiques ou des plâtres. Barcelò a installé dans la Grande Chapelle des sculptures monumentales, des vases, des masques et des plaques de céramique.

Miquel Barcelò a convaincu le musée de Palma de Majorque et d’autres institutions de l’île de prêter des oeuvres du XIVe siècle qui illustrent le rayonnement qu’avait Majorque au temps de la splendeur d’Avignon : une trentaine de peintures religieuses et de sculptures polychromes sont ainsi exposées au Petit Palais.

Né en 1957 à Majorque, Miquel Barcelò, un des plus grands artistes catalans contemporains, a connu le succès très tôt. Remarqué à la Documenta de Kassel, alors qu’il n’avait que 25 ans, il a exposé dans tous les grands musées du monde.

Barcelò a beaucoup travaillé au Mali, où il réalise des dessins délicats de figures ou d’animaux, sur du papier troué par les termites. C’est en Afrique qu’il s’est s’initié à la céramique, très présente dans son travail des dernières années.

Parmi ses dernières commandes, on compte la décoration de la coupole de la salle du Conseil des droits de l’Homme à Genève, une voûte de stalactites multicolores symbolisant la multiplicité des points de vue (2008).

Miquel Barcelò a aussi décoré une chapelle du 14e siècle de la cathédrale de Palma de Majorque, joyau du patrimoine gothique méditerranéen. Il en a recouvert les murs d’argile cuite, bosselée, craquelée et peinte pour créer des motifs qui recréent l’iconographie évangélique de la multiplication des pains et des poissons, et créé des vitraux (2007).